Epitaph / Reborn
Début 82 la flamme de Soggy commencé à manquer d’oxygène, la combustion est ralentie. Le groupe s’obstine surtout dans la recherche d’une formule idéale et c’est un nouveau guitariste rythmique qui est testé en la personne de Mac Lord.
Mac à l’aisance d’Allan pour la gratte et le look de Koso pour la scène, c’est des répets avec Mac que proviennent les 2 derniers titres figurant sur l’album : Let’s go together et surtout l’épatant Lost my brain qui se révèlera être un des titres les plus aboutis, les plus puissants joués par Soggy.
Sans le savoir le but artistique était atteint, libéré par le soutien en acier trempé de Mac, Eric va produire ses solos les plus échevelés, les plus aiguisés.
Toutes les énergies libérées par Soggy vont malheureusement finir par se retourner contre le groupe, l’abondance de personnes gravitant autour du groupe a fini par créer des clans, des jalousies et surtout un climat de complot et de médisances permanent.
Le groupe jouera un concert à Bruges dans un mini festival en avril, l’accueil du public est fabuleux et les chroniques parues après le concert seront excellentes…mais c’est bien un chant du cygne, une bombe à fragmentation fini par exploser : Eric quitte le groupe…
Privé d’un de ses membres fondateurs et emblématiques, Soggy continue de répéter avec une conviction en berne, les répets « live » du début on cédé la place à un travail plus – trop – pro, on parle technique, on bosse les chœurs, on chiade les compos, mais la pêche s’estompe, le feeling se bride. Ce danger de perte d’identité, de perte de l’âme, touche inconsciemment les musiciens et aux termes de quelques accrochages entre Beb et Olivier, c’est le SPLIT en juillet 1982.
…6 Coupes du Monde de Football après, soit presque 30 ans, et ce sera Julien du webzine rémois ReimsPunknRoll qui mettra Olivier sur la trace du label Mémoire Neuve. Spécialisé dans l’édition d’inédits de groupes français des années 80 en VYNIL, le label se révèlera vite intéressé et Olivier commencera à réunir les bandes issues des différentes sessions, lives, répets. Et à recontacter les autres membres du groupe pour leur parler du projet, c’est en cherchant à joindre François « bassman » Tailleur qu’Olivier et toute la bande apprirent la maladie et peu de temps après le décès de leur bassiste.
Que reste-t-il de Soggy ? Une aventure pleine d’humanité, avec des mecs attachants qui ont réussi à dépasser leurs rêves sans les renier, sans les oublier. Le cuir toujours collé à la peau, la pointe des santiags prête à jaillir des godasses de ville, des notes de rock comme autant de globules rouges dans les veines, et toujours, toujours, ce plaisir à s’éclater sur un bon riff.
La musique qu’ils ont fait ensemble, justement, est maintenant regroupée sur l’album Soggy – Soggy (1st album) à l’ancienne, avec une sélection de titres remasterisés qui vous feront découvrir intacte la rage brute des 4 membres de Soggy, une aventure des années 80 qui connaît un épilogue inattendu et finalement cocasse…et toutes les bandes – les live en particulier – n’ont pas été utilisées…